Peptimiste

tout va pour le mieux, parce que tout pourrait aller plus mal

Onze pour une coupe

On est plusieurs à ne pas vouloir regarder la coupe du monde cette année, pas par volonté de boycott de ce mondial de la honte (c’est trop taarrrddd), mais simplement car le spectacle du football nous dégoûte de plus en plus.

La corruption généralisée de la FIFA — comme celle du CIO, des narco-états (pays producteurs mais aussi les Pays-bas) ou le lobbying à grande échelle (GAFAM, Industrie du tabac ou pharmaceutique)… — contribuent à affaiblir les institutions de régulation des activités humaines (États, systèmes législatifs, protection sociale…) et renforcent l’expansion du liberalisme le plus sauvage et exacerbent les inégalités. La corruption c’est plus de pauvreté, des atteintes environnementales, de la violence, de la traite humaine…

Bref, pas des acteurs que l’on voudrait soutenir ni un fonctionnement social souhaitable vu les défis que nous devons collectivement relever.

Et ce sport, et ses opérateurs FIFA, UEFA et autres orgas régionales et nationales, contribuent à rendre le monde plus instable et corrompu, ce n’est plus à démontrer. Les tentatives de réforme interne, la succession de révélations et poursuites judiciaires diverses n’ont cessé de démontrer que depuis la professionnalisation commencée sous Joao Havelange, non seulement l’organisation internationale de foot est devenue une puissance géopolitique, économique et financière de premier plan, mais aussi un acteur principal du sportswashing politique. Si vous avez des doutes, regardez la série documentaire en quatre épisode diffusée par Netflix, Fifa, ballon et corruption.

Quand à la coupe du Qatar, pour à la fois comprendre pourquoi il est trop tard pour le boycott et comment on est arrivés à cette coupe du monde de sang, je ne saurai trop vous conseiller la lecture de Qatar, le Mondial de la honte de Nicolas Kssis-Martov aux éditions Libertalia.

Power, corruption and lies

Nicolas Kssis-Martov, qui tient aussi le blog Never trust a marxist in football est journaliste sportif à so foot et ailleurs et aussi salarié de la FSGT. Dans Qatar, le mondial de la honte, il revient aussi bien sur les précédents du sportwashing dans le foot (Argentine 78) que sur les liens entre la France et la dictature qatari, mais il montre surtout comment le Qatar a su s’imposer sur la scène mondiale du tourisme sportif avec ce coup de maître, sans jamais à avoir à faire aucune concession que ce soit en terme de droits humains, droit du travail, d’environnement ou autre. La victoire qatari est totale.

C’est ce que dit aussi dans une interview accordée à so foot, Abdeslam Ouaddou, joueur marocain ayant joué au Qatar. Son propos est clair: il ne retournera jamais dans ce pays. Les Qataris font ce qu’ils veulent avec la Fifa ou l’État Français. Leurs promesses sont aussi volatiles que le sable du désert face au vent. C’est simple, ils maltraitent les gens parce qu’ils le peuvent. Ils font et feront ce qu’ils veulent. La vie des petites mains immigrées n’a que peu de valeur, condescendance meurtrière assumée. Et David Beckham, ambassadeur de l’ONU est là avec sa chirurgie plastique est sa grosse montre pour nous faire passer la pilule.

Joue la, mais pas comme Beckham…

Le foot en 2022. Un triste tableau déjà tellement terni par les sex-tapes, l’affaire Zahia, le racisme et l’homophobie endémique, les oligarques russes et autres fonds de pension, les montants des rémunérations des joueurs et leur mépris, le trafic de jeunes joueurs africains, le var 🤣 et en remontant dans le temps Bernard Tapie, la publicité, Adidas…

On est loin dans le temps, loin dans l’espace, du foot que j’aime bien, celui qui se joue dans la rue, dans des clubs amateurs et des cours de récré, dans des clubs à taille humaine avec des supporters qui chantent et s’engueulent pour mieux se retrouver après le coup de sifflet pour refaire le match à l’infini.

Des émotions liées au football, j’en ai une longue liste de souvenirs, des après-midi avec mon père à supporter Rosselange contre les Portuguais de Thionville, les yoyos du FC Metz et leur mythique coupe de France, aux années de relégation de l’Union Saint-Gilloise puis leur incroyable montée en Jupiler Pro League, les coupes du monde d’Europe et féminines enfin accessibles, les fêtes tous les soirs à Belleville pendant la coupe 2002, le Sénégal en quarts, l’Europe en 1994, et puis 1998 quand même, et puis les matchs de championnat, et Sankt Pauli et le Celtic Glasgow et puis et puis.

Je n’ai jamais compris les gens qui séparent sport et politique. Il n’y a pas d’uniformité dans la pratique d’une activité physique. Avec ou sans compétition, visant la santé ou le dépassement de soi, chaque activité physique structurée porte en elle une vision du monde.

La randonnée par exemple, c’est super politique. Il faut des chemins balisés, des régulations, de la surveillance, de l’assistance, c’est un enjeu de gouvernance.
Ça a l’air d’être une activité dépolitisée mais c’est loin d’être la réalité. Elle correspond à une activité physique prisée par certaines classes plutôt que d’autres, la marche a une histoire. Dans l'Aikido, il n’y a que le Shokodan qui organise des compétitions, il me semble.

Le sport correspond à des visions collectives des corps et déjà, ça suffirait à le rendre politique.